François Prud’homme dit Failly (Faguy)

François Prud'homme venait de La Bazoge, province du Maine, en France. Il se peut qu'il ait été un des faux-sauniers arrivés à Québec le 20 février 1740, provenant de la prison de Mayenne1 et aurait été hospitalisé le 17 juillet 1740 à l'Hôtel-Dieu de Québec2. Il est aussi cité1à deux autres occasions dans le registre des malades de l'Hôtel-Dieu : le 1er octobre 1743 comme «jardinier de l'hôpital» et le 1er octobre 1745 comme «faux-saunier».

Le 10 avril 1747, il épousait Marie Geneviève Daniel en la paroisse St-Pierre de l'Ile d'Orléans, devant le curé Desglis3. Elle était la fille de Thomas Daniel et Suzanne Lefebvre, née le 26 mai 1722, vers 8h du matin à l'Ile d'Orléans et baptisée le même jour en la paroisse St-Jean-Baptiste.

Acte de mariage transcrit du registre paroissiale de St-Pierre-de-l'Ile-d'Orléans4 :

Le dix avril mil sept cent quarante sept après la publication de trois bans faite aux messes paroissiales les deux dernières festes de pasque et le dimanche de la quasimodo entre françois prudome de québec fils de Louis prudome et de marguerite guesdon ses père et mère de la paroisse de la grande baseauge évèché du mont d'une part et marie geneviève Daniel fille de thomas daniel et de susane lefevre ses père et mère de St jean baptiste d'ans lisle et comptée St laurent d'autre part sans quil se soit découvert aucun empèchement ny de part ny d'autre comme il parait dans le certificat de monsieur jaquero curé de québec je soussigné curé de cette paroisse ay recu leur mutuel consentement de mariage et leur ay donné la bénédiction nupsialle en présence de françois rogé et joseph thexier et jean coutans et françois Daniel françois leclere ont signes avec moy roger thesier les autre ont declarés ne savoir signer de ce requis selon lord.. (Signatures : Roger joseph tésier Desglis curé)

Le couple avait passé un contrat de mariage5 le 19 mars 1747 devant le notaire Claude Louet à Québec en la maison de Jean Coutant. Il est dit dans le contrat que François est de Québec, et sans profession. Les témoins cités dans ce contrat sont : Jean Coutant, Jean Hémond et Bonnet Giraudé, amis de l'époux; Charles Lefebvre, oncle maternel de l'épouse, François Leclair et Philippe Noël, amis de l'épouse.

Qui sont ces personnages dans l'entourage de François Prud'homme, en 1747 ?

Jean Coutant : Maître-boucher de Québec. Au recensement de 17446, il résidait sur la rue St-Jean avec sa famille. Originaire de la paroisse du Pont, dans le diocèse de Saintes, il avait épousé Marie Josephe Dupuy Saint-Pierre, le 8 octobre 1730 à Québec, alors qu'il était sergent de la compagnie du sieur Amariton.

François Roger : Faux-saunier de la prison de Le Mans, Maine, arrivé à Québec, le 12 mars 17421.

Joseph Texier : (Tessier dit Laliberté) Maître-menuisier de Québec. Au recensement de 17446, il résidait sur la rue St-Jean avec sa famille.

Bonnet Giraudé : (Giraudet) Faux-saunier présent à Québec à partir de 17371. Il était originaire du Bourbonnais, en Auvergne. Il apparait dans le registre de l'Hôtel-Dieu de Québec plusieurs fois entre 1737 et 1741. Il épousa Marie Madeleine Noël en la paroisse de St-Pierre de l'Île d'Orléans, le même jour que le mariage de François Prud'homme fut célébré. Un des témoins au mariage fut François Robineau, charpentier de Québec6, auparavant habitant de St-Augustin-de-Desmaures.

François Prud'homme à Saint-Augustin-de-Desmaures

François et Geneviève se sont établis dans la Seigneurie de Desmaures, à St-Augustin. François y avait reçu une concession le 9 juin 17424, lot sis sur la route St-Joseph dont le censitaire précédent fut François Robineau. En nov 1747, l'arpenteur Ignace Plamondon chaînera un lot d'un demi arpent de front à la quatrième concession, et en juin 1752, un autre de deux arpents de front par quinze arpents de profondeur depuis la route Saint-Joseph.7 Cependant, au recensement de 17628, agriculteur, il est propriétaire d'une terre de deux arpents et demi, et possède un boeuf, deux vaches, deux taurailles, un mouton et un cheval.

Leurs enfants seront baptisés à St-Augustin. Il semble que dès le début le surnom Failli fut associé au patronyme : Marie Geneviève, leur deuxième enfant, née en 1749, sera baptisée sous le nom de Prud'homme dite Failli. Cependant, au recensement de 1762, la famille est énumérée sous le nom de Prud'homme et compte 8 enfants dont 3 garçons et 5 filles. D'autres enfants se rajoutèrent, mais sans toutefois qu'on puisse déterminer spécifiquement la composition de la famille à tout moment.9

Décès de François Prud'homme

François est décédé en décembre 1767 à St-Augustin, agé d'environ 50 ans. Sa sépulture eut lieu le 27 décembre et son corps fut inhumé dans le cimetière de la paroisse. (Acte au nom de François Failli, signé Bériau ptre).

Il laissait sa veuve Geneviève et neuf enfants mineurs, l'ainé, François ayant 19 ans, le cadet, Louis, 10 mois. Deux ans plus tard, celle-ci fut confronter à des dettes qui ne lui permettaient plus de subsister. Après un inventaire de la communauté de biens, elle présenta une requête10 devant Maître Guillemin, lieutenant général de l'Amirauté de Québec, afin d'obtenir l'autorisation de faire élire un tuteur et subrogé-tuteur à ses huit enfants mineurs et de pouvoir vendre une partie de la communauté de bien, à savoir un arpent et demi de terre, à un dénommé Ignace Cliche de Charlesbourg afin de rembourser ses dettes. Vu l'absence de parents proches et l'éloignement de certains en France, un conseil de famille composé d'amis et de voisins fut formé. Elle fut élue tutrice de ses enfants mineurs avec Charles Buissière subrogé-tuteur et obtint la permission de vendre, le tout homologué par le juge le 27 juillet 1769.

Geneviève Daniel décéda à l'âge d'environ 60 ans, à St-Augustin-de-Desmaures. Sa sépulture eut lieu le 13 décembre 1786 et son corps fut inhumé dans le cimetière de la paroisse.

Descendance de François Prud'homme et Geneviève Daniel

La descendance fut assurée surtout par les deux fils, François et Augustin. Ils furent agriculteurs dans Portneuf et eurent de grande famille. Par contre, Louis, le cadet, se retrouvera journalier à Repentigny. Les filles épousèrent des jeunes hommes de la région : Drolet, Favron, Julien, ou de Québec, Falardeau. Leur descendants occupèrent surtout la grande région de Québec et le patronyme, peu à peu, passa de Prud'homme dit Failly, à simplement Failly, Fagny, puis Faguy.

Des descendants sous le patronyme de Faguy, on retrouve au tournant du 20ième siècle, l'illustre Mgr François-Xavier Faguy11, curé à la Basilique Notre-Dame de Québec et Prélat domestique du pape. Il est né à Sant-Jean-Baptiste de Québec, le 15 octobre 1853, de François Faguy (petit-fils de François, l'ainé de l'ancêtre) et de Marguerite Voyer. Il fut ordonné le 7 juin 1879. Décédé en septembre 1911, âgé de 57 ans et 11 mois, son corps fut inhumé dans les Caveaux de la Basilique Notre-Dame.

Nous vous invitons à consulter la publication de Monsieur Renaud Brochu, intitulée «Les Faguy»5, qui a fait une étude généalogique de cette famille.